Les voyages forment la jeunesse, nous dit la sagesse populaire. Dommage qu'ils n'aient aucun effet sur l'âge mûr...cela m'aurait facilité le voyage en train qui me menait chez mon frère.

Je voyageais en effet avec ma mère et mon chien, mon père étant dans une autre voiture. Visiblement, la présence du chien, pourtant muni d'un titre de transport en bonne et due forme n'a pas été au goût de la famille qui avait pris place de l'autre côté du couloir.

J'ai franchement adoré (ironie inside) m'entendre demander agressivement si je cherchais à ce que les gens se cassent la figure, pour avoir eu l'outrecuidance de poser mon sac à main au sol, près de mon siège. Un moment de flottement, le mec qui persévère et moi qui lui rétorque que je n'ai pas de leçon de morale à recevoir de la part d'un inconnu.

Puis lui et sa femme qui s'enfoncent en remettant en cause le bienfondé de la présence du chien ("je préfère avoir des enfants qu'un chien" = > bah ça tombe bien : l'un et l'autre relèvent d'un choix personnel, alors faites des enfants et moi, je prends un chien ; et ma mère qui lui répond qu'elle a les deux! Et ensuite le gars qui insiste en faisant une comparaison "c'est comme si je voyageais avec ma vache" => j'ignorais que mon épagneul breton était comparable à un bovin).

Voyant qu'il n'aurait pas le dernier mot, ce mec s'est retranché derrière un "laissez-moi lire mon journal" alors même que c'est lui qui fut à l'origine de la "conversation". Mais je crois que le meilleur, c'est quand il s'est mis à maugréer sur le mode "pffff, franchement l'intelligence!".....là, je ne me suis pas gênée de prétexter parler à ma mère "Ce qu'il y a de bien avec l'intelligence, Maman, c'est que tout le monde croit en avoir plus que les autres!". Hé ben là, au moins, je ne l'ai plus entendu jusqu'à l'arrivée en gare de Mâcon Loche.

Comment transformer un moment qui s'annonce banal en un instant exceptionnellement agréable?

Comment faire en sorte qu'un moment qui ne se veut pas nécessairement joyeux, le travail, le devienne?

En le partageant avec une collègue aussi exceptionnelle que toi, ma petite Fanny!

Même si cela ne fait que peu de temps que nous sommes collègues, tu es déjà bien davantage que cela. Comme tu le dis, c'est une question de longueur d'ondes et nous avons trouvé la même fréquence, celle qui nous permet de parler des heures durant, sans jamais s'ennuyer, sans que le silence ne trouve sa place dans nos échanges si riches ; celles qui nous permet de nouer une relation authentique, sans porter de masque parce que cela serait aussi inutile que vain : on se comprend tellement bien!

Sentir quand l'autre a été agaçée ou touchée par ce que vient de lui dire une tierce personne, être capable de finir les phrases commencées par l'autre, se comprendre à demi-mots, parfois dans un simple regard, dans un seul sourire....oui, on s'est bien trouvées.

Hier, on a enfin pu s'échapper du lycée et se voir ailleurs. On devait prendre un café ensemble, on a fini par passer la journée toutes les deux. Et ce qui ne devait être qu'un petit moment est devenu une journée formidable, pour laquelle je te remercie!

A l'heure où j'écris ces lignes, tu n'es pas destinée à les lire, simplement parce que tu ignores l'existence de ce blog et que je ne m'image pas te dire de but en blanc : "tiens au fait, j'ai un blog!" mais il est certain qu'un jour, je te communiquerai les accès que j'ai déjà crées pour toi.

Le moment venu, sache simplement que depuis le début, j'ai aimé chacun des moments partagés avec toi, les nuits passées à discuter, les confidences, la confiance, l'amitié qui naît.

"Je m'excuse mais si le travail, c'était tellement bien, pourquoi on te paye pour le faire?" nous dit Anne Roumanof....moi, j'ai de la chance : non seulement, on me verse un salaire pour le faire mais en plus, on me permet de le faire avec une collègue que j'ai plaisir à retrouver chaque vendredi.