"Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse." (Nietzsche)

"Oui, mais j'avais bu", "Avec ce que j'avais dans le sang, j'étais pas dans mon état normal..."

 

Qui d'entre nous n'a jamais entendu un frère, une amie, un parent...justifier son comportement par une ingestion préalable d'alcool?

 

Au-delà des effets dont la preuve n'est plus à amener de l'alcool sur la vigilance, par exemple (boire ou conduire, il faut choisir, rappelons-le!), on peut se demander si l'on ne tient pas là un argument facile, un moyen de se justifier imparable : c'est pas moi, c'est l'alcool!

 

Mais est-ce si sûr? Est-ce réellement la substance alccol qui est à l'origine de nos débordements ou nous sert-elle simplement à les excuser sans se trouver mis en cause?

 

Une étude récente tend à bouleverser les idées reçues. Les sujets, tous des hommes buvant de manière occasionnelle mais pas alccoliques, étaient pour certains persuadés de consommer de l'alcool alors qu'il ne s'agissait que d'un placebo et les autres en ingéraient à leur insu. S'ensuit une provocation d'un compère avec une possibilité ultérieure de vengeance (en versant du sel et du tabasco dans le plat du provocateur...l'expérience étant présentée aux sujets comme portant sur les aliments énergétiques). Les résultats montrent que les sujets de la condition placebo ont eu tendance à se venger, et plus ils pensaient avoir bu de l'alcool, plus c'était vrai. En revanche, les sujts ayant consommé de l'alccol à leur insu n'ont pas cherché à se venger, indépendamment des doses réellements absorbées.

 

Les auteurs supposent donc que le rôle de l'alcool sur l'agressivité ne serait pas uniquement d'ordre pharmacologique mais serait le résultat des attentes liées à la consommation d'alcool, et donc un rôle.

 

"Oui, mais j'avais bu".....et alors?

 

Référence : Bègue, L. et al. (2009). A message in a bottle: Extrapharmacological effects of alcohol on aggression. Journal of Experimental Social Psychology, Volume 45(1), 137-142.

 

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Edit après lecture de l'article intégral pour répondre à la question -pertinente- de Mary : comment font les expérimentateurs pour que les sujets ne découvrent pas la manipulation expérimentale?


On l'aura compris, le plan expérimental repose sur l'emboîtement de deux variables indépendantes : la quantité d'alcool ingérée et la quantité d'alcool attendue. Chacune de ces deux variables connaît trois modalités : aucune dose d'alcool, dose modérée et dose élevée. L'enjeu est évidemment de ne pas éveiller les soupçons des sujets quant au brevage qui leur est proposé. Les auteurs postulent que de tels soupçons pourraient s'appuyer sur trois sortes d'indice : internes (événements intéroceptifs attribués aux effets de l'alcool), gustatifs (goût de l'alcool) et instructionnels (résultant des instructions et manipulations expérimentales).


Afin d'éviter les indices internes, on distrait l'attention des sujets  des sensations corporelles indicatives du contenu du brevage au moyen de tâches distractrices et en utilisant un fond sonore puissant.


Les indices gustatifs sont neutralisés en disant aux sujets que l'entreprise qui réalise l'enquête (l'étude est présentée comme une enquête sur des produits alimentaires énergisants) cherche à mettre au point une boisson ayant le goût de l'alcool mais sans en contenir une seule goutte pour les sujets des conditions anti-placébiques (où les sujets consomment de l'alcool à leur insu). Les sujets qui croient boire de l'alcool alors qu'il n'en est rien (conditions placébiques) sont informés que leur verre contient une quantité spécifiée d'alcool alors que les groupes contrôles connaissent la quantité d'alcool exacte contenue dans leur verre. D'autres précautions sont prises, telles que la basse température de la boisson, ainsi que la pulvérisation d'alcool sur les côtés et le fond du verre.


Enfin, concernant les indices instructionnels, on s'assure de ne pas faire référence à une étude psychopharmacologique sur l'alcool. Le recrutement des sujets suit une procédure stricte, où on fait croire au sujet qu'il s'agit d'étudier les préférences alimentaires pour le compte d'une entreprise alimentaire, et où les items relatifs à l'alcool sont noyés parmi une multitude d'autre, soi-disant destinés à cerner le comportement alimentaire des sujets.

Notons enfin que les sujets ayant émis des doutes quant au contenu de leur verre (4 dans les conditions placebo et 2 dans les conditons antiplacébiques) ont été exclus de l'échantillon.

 

Présentation de l'expérience par son auteur au début de cette vidéo :

 


Publié le Jeudi 22 janvier 2009 à 10:01 par m4rie-odile

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